L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué, vendredi, que des analyses et études supplémentaires sont nécessaires pour déterminer l’origine de la Covid-19 après qu’une équipe d’experts a conclu une mission en Chine.
« Certaines questions ont été soulevées quant à savoir si certaines hypothèses ont été écartées. Après avoir parlé avec certains membres de l’équipe, je souhaite confirmer que toutes les hypothèses restent ouvertes et nécessitent des analyses et des études supplémentaires », a déclaré le Directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’une conférence de presse organisée virtuellement depuis Genève.
Après un séjour de quatre semaines à Wuhan, en Chine, l’équipe d’experts avait annoncé mardi dernier, n’avoir pu percer les origines de la pandémie de Covid-19.
Selon l’agence sanitaire mondiale de l’ONU, l’équipe internationale d’experts chinois et de l’OMS a permis « de mieux comprendre les premiers jours de la pandémie, et a identifié des domaines nécessitant des analyses et des recherches plus approfondies ».
Une étape scientifique « très importante » et dans des circonstances « très difficiles »
Pour l’OMS, cette mission conjointe d’experts internationaux et chinois a constitué une étape scientifique « très importante » dans des circonstances « très difficiles ».
Par ailleurs, l’agence onusienne estime qu’une partie de ce travail peut se situer en dehors du mandat et de la portée de cette mission. « Nous avons toujours dit que cette mission ne trouverait pas toutes les réponses, mais se penchera sur des informations importantes qui nous permettent de mieux comprendre les origines du virus », a précisé le Dr Tedros.
En attendant, l’OMS entend poursuivre le travail « pour obtenir les informations dont nous avons besoin pour répondre aux questions qui restent encore sans réponse ».
« Nous sommes encore loin de comprendre l’origine du coronavirus et la chaîne de transmission aux humains, mais avant d’aller en Chine, nous savions déjà que cela prendrait du temps et que ce n’était qu’un premier pas », a fait valoir de son côté, Peter Ben Embarek, le chef de l’équipe de l’OMS, qui a enquêté en Chine. « L’objectif n’était pas tant de trouver l’origine du coronavirus, mais de comprendre quelles sont les pistes à explorer plus en avant », a affirmé la virologue néerlandaise, Marion Koopmans, membre de l’équipe.
L’équipe a « réussi à bien des égards » – Peter Ben Embarek
A la question d’un journaliste qui demandait si la mission en Chine a été un succès, M. Ben Embarek a répondu que l’équipe a « réussi à bien des égards ». « Nous avons de nouvelles connaissances et nous comprenons maintenant beaucoup mieux ce qui s’est passé à Wuhan en décembre 2019 et le rôle que le marché a joué », a déclaré le chef de l’équipe des enquêteurs.
« En matière de santé publique, le terme [succès] est relatif », a nuancé le responsable des situations d’urgence de l’OMS, Mike Ryan. « Mais je pense que nous avons fait des progrès », a-t-il ajouté.
Comme le rapport intermédiaire, les observateurs finales sur l’investigation sont attendues dans les prochaines semaines. « Nous attendons avec impatience de recevoir les deux rapports, qui seront rendus publics. Lorsque le rapport de synthèse sera publié, nous organiserons une nouvelle conférence de presse avec l’ensemble de l’équipe internationale », a indiqué le Dr Tedros.
L’autosatisfaction est aussi dangereuse que le virus lui-même
L’enquête sur l’origine du virus intervient alors que le nombre de cas de Covid-19 signalés dans le monde a diminué pour la quatrième semaine consécutive. Dans le même temps, le nombre de décès a également baissé pour la deuxième semaine consécutive.
L’OMS indique que ces baisses semblent être dues au fait que « les pays appliquent plus rigoureusement les mesures de santé publique ». « Nous devrions tous être encouragés, mais l’autosatisfaction est aussi dangereuse que le virus lui-même », a toutefois mis en garde le Dr Tedros.
« Ce n’est pas le moment pour un pays d’assouplir les mesures, ni pour un individu de baisser sa garde », a insisté le chef de l’OMS, rappelant que « chaque vie perdue aujourd’hui est d’autant plus tragique que les vaccins commencent à être mis en place ».
Parallèlement aux mesures de santé publique traditionnelles, la rapidité avec laquelle la communauté internationale pourra collectivement étendre la fabrication du vaccin et déployer les vaccins dans tous les pays, déterminera la rapidité avec laquelle la pandémie sera maîtrisée.
« Certains ne pensaient pas qu’il était possible de produire un vaccin contre la Covid-19 aussi rapidement, mais c’est le cas. Aujourd’hui, certains disent qu’il n’est pas possible de vacciner le monde. Ils ont tort. Comme l’a dit Nelson Mandela, [cela semble toujours impossible, jusqu’à ce qu’on le fasse] », a conclu le Dr Tedros.