Ce nom chimique désignant le principe actif de médicaments indiqués pour le traitement de la douleur et de la fièvre est rentré dans le langage populaire quotidien. Il est devenu aussi banal et disponible que n’importe quel produit de consommation. On le retrouve sur les étals de marchés du pays ou chez les marchands ambulants. Le Paracétamol est devenu le nouveau produit miracle « contre tout », comme le furent en leur temps de mise sur le marché, l’aspirine, la pénicilline ou la chloroquine. Le développement des génériques, de la contrebande et de la contrefaçon a favorisé son inflation et son marché. Au Sénégal, on lui a même trouvé un surnom wolof: « Niokéte » ! N’importe qui peut l’acheter, n’importe où, pour n’importe quoi. Il se trouve qu’ici il ne s’agit pas de bonbons à sucer, mais d’un produit pharmaceutique avec ses avantages et ses effets indésirables.
Il est commercialisé officiellement sous formes de comprimés, de sirop, de poudre, de suppositoire ou d’injections portant différents noms en pharmacie. Mais depuis l’ouverture du marché des génériques, on le retrouve sous forme de « paracétamol » non contrôlés, venant de plusieurs pays.
Ce produit existe depuis plus de 40 ans et est indiqué pour calmer, quels que soient l’âge, la douleur d’intensité moyenne et réduire la fièvre (sans, par ailleurs, en traiter la cause, si elle est d’origine infectieuse par exemple). On la retrouve aussi associé dans la composition d’autres médicaments prescrits contre d’autres signes. Il n’a pas été décrit de risque de malformation, ce qui n’empêche pas, comme pour tout médicament, d’être prudent dans les premiers mois chez la femme enceinte. Lorsqu’elles sont respectées, la dose et les indications prescrites par le personnel soignant, peuvent donner les effets escomptés. Il est fondamental de respecter aussi les intervalles de temps entre les prises. Quelle que soit sa forme d’administration, le Paracétamol absorbé va passer par le foie, circulé dans le sang, agir avant d’être éliminé par les reins dans un délai précis. Pris de manière abusive, le Paracétamol peut être dangereux. Ses effets secondaires peuvent aller des nausées, vomissements, douleurs au ventre, allergies (se manifestant au niveau de la peau ou du sang) à des complications plus graves, voire mortelles, touchant le foie, les reins et le cerveau. Pris de manière pluri quotidienne et prolongée contre les douleurs, il peut devenir non seulement inefficace mais devenir même un facteur entretenant de cette douleur ! En outre sons achat dans les conditions « sauvages » excluant tout contrôle médical ou pharmaceutique est la porte ouverte de tous les risques transformant ainsi un médicament en poison.
A Retenir :
On a coutume de le consommer pour des maux de têtes, des débuts de rhumes, mais que se cache exactement derrière le paracétamol, ce médicament aux allures anodines, délivré sans ordonnance ? Décryptage.
- Un médicament unique en son genre
Le paracétamol (en anglais acetaminophen) est le principe actif du Doliprane®, du Dafalgan® et de l’Efferalgan®, entre autres. Il s’agit d’un médicament « orphelin », ou plus précisément d’un fils unique qui aurait perdu sa mère. Il est en effet le seul dérivé de la phénacétine, une molécule antalgique (antidouleur) retirée du marché en 1983 en raison de sa forte toxicité et de son caractère cancérigène. De fait, il constitue à lui seul la classe des « antalgiques antipyrétiques non salicylés » (les salicylés, ou AINS, étant l’aspirine et ses apparentés, dont l’ibuprofène).
Bien qu’il soit un des médicaments les plus employés et les plus étudiés au monde, le paracétamol n’a pas livré tous ses secrets et son mode d’action, très complexe, n’a pas encore été totalement élucidé. On sait néanmoins qu’il agit sur le contrôle de la douleur tant au niveau central (cerveau) qu’au niveau périphérique (nerfs sensitifs).
- Une banalisation contestable :
Et c’est là que le bât blesse, car le paracétamol n’est pas soumis à prescription médicale : dosé à 500 et 1000 mg il est vendu sans ordonnance ! Le patient peut faire ce qu’il veut, y compris un surdosage volontaire ! Et ce ne sont pas les pharmaciens qui vont lui en refuser la vente. Est-ce qu’un pharmacien vous a déjà dit en vous tendant une boite : « Le paracétamol représente la première cause d’hépatite potentiellement mortelle en France » ? Est-ce qu’il vous a déjà demandé si vous en aviez déjà plusieurs boites à la maison (auquel cas vous pourriez détenir une dose dangereuse) ? Certainement non, pas plus que le buraliste ne vous dit « fumer tue », ni ne vous demande combien de cigarettes vous fumez par jour. Ponce Pilate a fait des petits…L’argument de la dangerosité du paracétamol n’est valable que pour lutter contre la concurrence.