L’école a redémarré avec ses joies, ses peines, ses bonheurs et ses malheurs. Parmi ceux-ci celui des enfants ayant des problèmes de lecture. Maîtres et camarades de classes les taxent toute l’année de « nuls », alors qu’ils ne le sont pas forcément et souffrent d’un trouble sérieux inconsidéré dans beaucoup de pays. Ce trouble s’appelle « dyslexie » venant de « des : trouble ou dysfonctionnement et « lexie » : lecture. Dans une classe, elle peut touche 5 à 10 % des enfants à travers le monde. Les conséquences sont dramatiques : échec scolaire, abandon de l’école, illettrisme à l’âge adulte, sans parler de la souffrance psychologique produite par les sarcasmes des camarades, les punitions de l’instituteur pour qui n’a pas reçu de formation pour la reconnaître ou enfin les sévérités du parent qui pense avoir un enfant nullard et le lui dit. La dyslexie concerne les enfants qui malgré une intelligence normale, voire supérieure à la normale, et un environnement scolaire et psycho-familial normal, ont des capacités de lecture réduites. Ils feront ainsi des fautes de lecture avec inversion des lettres d’un mot, embarras avec les groupes de consonnes. Ils ne parviennent pas à segmenter phonologiquement un mot en des unités élémentaires de lettres. Sa « machine à lire » ne marche pas bien, alors qu’ils peuvent être brillants en maths, en arts, en sport, etc…Ces erreurs se reproduisent aussi à l’écrit avec une peur extraordinaire des dictées et de l’école en général.
Il y aurait avec prédisposition car on peut avoir des familles où ce trouble est fréquent. Une base génétique est actuellement recherchée sur trois (3) chromosomes. Il est vraisemblable des facteurs déclenchants ou aggravants comme un environnement vicié de l’enfant, un système éducatif défectueux puissent y participer. Dans certains pays, les dyslexiques sont pris en charge avec des aménagements spéciaux de leur emploi du temps, la possibilité de passer leur examen en oral, de se faire prendre des notes, et surtout de bénéficier d’une rééducation. Celle-ci consiste en des rééducations de la mémoire, de l’attention et du raisonnement par le neuropsychologue, des rééducations par le psychomotricien et par l’orthophoniste. Cela peut prendre jusqu’à un an. Il n’y a pas encore une structuration de ces rééducations au Sénégal. Les futurs maîtres doivent être formés et informés de cette réalité qu’ils auront forcément à rencontrer. 80% des personnes rééduquées peuvent être « récupérées » le reste demeurera dyslexique.
Pour amoindrir d’éventuels complexes, sachez que parmi les dyslexiques célèbres figurent : Einstein, John Kennedy, Walt Disney, Steven Spielberg, Churchill, le Prince Charles, Johny Halliday, Tom Cruise, Michel Drucker…Et puis qu’avec l’informatique et les correcteurs automatiques de fautes, les effets de la dyslexie pourront s’amoindrir, au moins pour l’écriture.
A Retenir :
Les difficultés en lecture et orthographe représentent l’expression la plus fréquente des difficultés scolaires et peuvent se manifester dès le début du cours préparatoire.
La dyslexie est une maladie qui rend l’enfant incapable malgré son expérience de la classe traditionnelle d’acquérir les techniques du langage qui lui permettraient d’apprendre à lire, à écrire, à s’exprimer oralement. L’enfant est cependant normalement intelligent et ne souffre d’aucun déficit auditif ou visuel. Une dysorthographie succède souvent à la dyslexie. Le dépistage de la dyslexie doit être précoce (4 ou 5 ans). La rééducation orthophonique s’impose.
C’est au début de la 2° année scolaire (CE1) que le dépistage est le plus sûr car tout enfant, à ses débuts en lecture, peut présenter les symptômes apparents de la dyslexie et faire des inversions. Ces difficultés normales ne deviennent pathologiques que lorsqu’elles persistent au delà de la première année. La dyslexie entre dans le cadre global des « troubles spécifiques (=sélectifs) du développement » observés chez l’enfant.
Traitement :
Les principes de rééducation sont nombreux, élaborés avec la collaboration des parents. Ils utilisent des stimuli de voix humaine ou de musique enregistrés sur bande magnétique, des stimulations de coordination des rôles respectifs de chaque hémisphère en donnant la même information aux deux oreilles avec des filtres différents, des stimulations grapho-auditives. Une pédagogie spécifique doit tenir compte de l’incapacité du dyslexique à prendre des notes écrites et privilégier l’utilisation du manuel, réaliser un plan écrit du travail, tenir compte de la difficulté d’abstraction corrigée par des exercices en équipe sur un thème donné exploité par des textes de lecture, dictées, récitations, repris en éducation physique ou en travaux manuels. Une telle pédagogie nécessite des classes particulières comportant un petit nombre d’enfants.
La méthode Borel-Maisonny vise à établir une relation gestuelle entre le schéma écrit et le phonème correspondant.
La méthode Chassigny consiste à laisser l’enfant s’exprimer par écrit, et à l’arrêter à chaque erreur pour lui dicter sur un mode rythmique une succession de mots apparentés au mot erroné.
La psychothérapie est souvent utile.