Par les temps de crises qui courent, l’accès à la santé, aux médecins et aux structures officielles de soins et devenu encore plus difficile pour la majorité des Sénégalais. Le slogan de l’Oms « La santé pour tous d’ici l’an 2000 » qui résumait le projet mondial de rapprocher les populations des centres de santé de qualité est devenue vidé de sa substance.
Imaginez le « parcours du combattant » sénégalais moyen quittant Pikine, Guédiawaye, Ndande ou Koulikoro pour aller consulter. Après avoir surmonté les difficultés de transport, rassemblé ses économies, il se retrouve dans la queue de ceux qui achètent le ticket de consultation, puis celle plus longue devant le bureau du médecin. Avant de s’entendre dire quelque fois que, 2 heures après, qu’il aller à l’autre service, l’autre l’hôpital ou l’autre ville. Il y parvient quand même en fin de matinée, fatigué et affamé. Il gagne une ordonnance dont il ne peut acheter qu’un médicament sur quatre prescrits. Il doit alors dans la soirée faire le tour des parents et amis pour acheter le reste et se préparer le lendemain à aller faire sa « prise de sang » et ses » radios », Chers ou pas, indiqués ou pas, il a « intérêt » à les faire s’il ne veut pas se faire « engueuler » 15 jours plus tard pour n’avoir pas pris tous ses médicaments et réalisés son bilan.
C’est le vrai calvaire qui nourrit le marché porteur en enrichissant des multiples nouveaux « docteurs » sénégalais qui exploitent l’incrédibilité des gens et les échecs de la médecine « officielle ». Il s’agit du garçon de salle devenu « médecin » de son quartier « , stétosocope au cou.
Du « technicien médical », spécialisé en Orl -Ophtalmo » qui a pignon sur rue ‘sablonneuse et inaccessible au contrôle officiel).
De l’aide infirmier à la retraité, mais bon militant de son parti, qui récupère à la porte de l’hôpital tous les paumés malades, débarquant à la capitale et impressionnés par cette blouse blanche à l’âge réconfortant.
Du guérisseur qui guérit tout: du Sida au cancer, en passant par la cirrhose de la foi et l’impuissance. Du « directeur du centre de médecine naturelle » qui possède tous les remèdes – miracles contre tout. Ils sont de plus en plus nombreux. Leur clientèle grossit car ils ne sont pas chers et sont disponibles 24 heures sur 24. Ils règlent tous les problèmes, même la grossesse indésirée. Ils ont leurs « laboratoires » et leurs » radios » parallèles. Vous trouverez tous les médicaments possibles de par leurs circuits pharmaceutiques d’approvisionnement dans et autour des marchés du Sénégal. Ils ont maintenant leurs encarts publicitaires dans les journaux. De grands panneaux installés dans la rue vantent en toute impunité leurs mérites et leurs énormes possibilités.
Ce ci est formellement interdit aux médecins et aux pharmaciens officiels (au risque de se faire exclure de leurs Ordres) leur est toléré: la publicité et la réclame. Tout le monde ferme les yeux jusqu’au jour où le fatalisme sénégalais s’effritera et que le nombre de drames provenant de leurs « cabinets » atteindra un niveau catastrophique. Il sera alors trop tard. Le médecin et la pharmacie officielle n’arrivant pas à régler les problèmes de santé de ce Sénégalais moyen, celui -ci se tournera de plus en plus vers ce monde de ‘l’informel de la santé ».