Par Papa Cheikh SECK, Directeurdes Prestations de l’IPRES, chargé de Cours à l’Ecole nationaled’Administration (ENA) – Dakar – Sénégal
La protection sociale qui englobe la sécurité sociale est consacrée par les textes nationaux et internationaux comme étant un droit fondamental pour chaque être humain.
En effet, par le contrat social qui le lie au citoyen, l’Etat, dans le cadre de ses missions régaliennes, lui assure le droit à une protection contre les situations de vulnérabilités naissant d’évènements naturels ou liés aux relations de travail et qui affectent son état de santé, celui des membres de sa famille ou son pouvoir d’achat.
La prise en charge de cette responsabilité étatique est faite dans le cadre de l’assistance sociale et de l’assurance sociale qui soulèvent aujourd’hui, des questions liées à leur champ d’application personnel et matériel, à leurs modes de financement, à la qualité des prestations servies.
Les régimes de retraite, parce qu’étant une composante majeure de l’économie nationale, occupent une place centrale parmi ces mécanismes de protection dont la stabilité et la pérennité cristallisent les inquiétudes des partenaires sociaux.
La retraite est en effet :
- pour le travailleur, un moment redouté car constituant un saut vers l’inconnu mais attendu parce qu’étant un événement naturel lié à l’âge ;
- pour l’entreprise, une charge financière lourde en raison des indemnités à payer mais aussi, une opportunité de renouveler sa pyramide des âges ;
- pour les partenaires sociaux un sujet important de négociation souvent non maitrisé;
- pour l’Etat, un facteur d’équilibre social et un puissant levier de consolidation de la solidarité intergénérationnelle qui constitue une composante essentielle du sentiment d’appartenance à la communauté qui est le socle de la nation.
Ainsi adressée, la réflexion sur cette problématique intéresse tous les segments de la société dont la stabilité repose en grande partie, sur ce « vouloir vivre en commun » qui s’appuie grandement sur une solidarité intergénérationnelle verticale et horizontale.
Sa prise en charge devient donc un enjeu de société d’autant qu’il est constant que les retraités continuent à supporter les charges de la famille.
Toutefois, cette prise en charge est rendue complexe par le parallélisme voire la coïncidence, établi entre retraite et vieillesse.
En effet, à l’impératif d’assurer au retraité et à ses ayants-droits un revenu de remplacement décent, s’ajoute une obligation de le protéger des effets du vieillissement, notamment ceux liés aux pathologies lourdes dont la prise en charge est onéreuse.
Par ailleurs, il convient de noter que le relèvement de l’espérance de vie est une source supplémentaire de stress pour le retraité qui, à l’âge de la première jouissance de la pension, présente très peu de caractéristiques du vieillissement et de ce fait, a la certitude d’avoir encore une force productive alors que la société a fini de décréter son incapacité et sa mise à l’écart.
Ce stress est exacerbé par la perte du statut social lié à la fonction et subséquemment du pouvoir économique qui en découlait, la perte de ses capacités physiques ; toutes choses qui concourent à la perte de l’autorité au niveau de la famille.
Le risque financier, certes important pour le retraité et son organisme de gestion, ne constitue donc pas le seul défi à relever.
En effet, la retraite ne se résume pas à la pension.
Il s’agit plutôt de créer un environnement propice à un repos paisible qui résulte d’un ensemble de décisions faisant appel à :
- une responsabilité individuelle du travailleur qui doit préparer sa retraite, d’une part, en accordant une grande vigilance au suivi de sa situation au niveau de l’organisme de retraite et d’autre part, en évitant de prendre durant sa carrière, des décisions qui induiront à l’âge de la retraite des charges disproportionnées par rapport à ses revenus ( charges locatives, enfants mineurs à charge etc……) ;
- une responsabilité de l’employeur qui, au-delà du respect de ses obligations déclaratives et contributives envers l’organisme de retraite, doit accompagner le travailleur vers la propriété immobilière et le soutenir pour la scolarité de ses enfants.
Par ailleurs, il doit aider le travailleur à appréhender avec sérénité le retraite en lui assurant son accompagnement dans la période de pré-retraite, dans les formalités d’accès à la pension mais surtout en veillant à maintenir le lien avec lui pour préserver le sentiment d’appartenance à la famille de l’entreprise ;
- Une responsabilité de l’Etat qui, dans ses prérogatives régaliennes d’organisation de la protection sociale des citoyens doit, avec les partenaires sociaux, définir un modèle de retraite permettant au travailleur d’appréhender cet événement non pas comme une fatalité, mais comme une opportunité, une troisième vie après la carrière.
Il lui revient donc de consolider les régimes de retraite existants, de diversifier l’offre de couverture, de veiller dans une démarche inclusive, à étendre la protection aux travailleurs non couverts.
La synergie de ces responsabilités et la rationalisation de la couverture médicale non contributive mise en place au profit du retraité et de ses ayants-droit devraient faciliter la mise en place de cet environnement souhaité.
Dans cette perspective, et entre autre mesures, il serait indiqué :
- d’assurer une transition entre la prise en charge médicale en entreprise et celle assurée par l’organisme de retraite, par la transmission du dossier médical du travailleur afin de conserver la mémoire du suivi dont il a bénéficié durant toute sa carrière ;
- d’optimiser le dispositif de prise en charge médicale mise en place par l’organisme de retraite par une meilleure maitrise des consultations, des prescriptions et du système de référence vers les structures hospitalières conventionnées.