Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la médecine traditionnelle est la somme de toutes les connaissances, compétences et pratiques reposant sur les théories, croyances et expériences propres à différentes cultures, qu’elles soient explicables ou non, et qui sont utilisées dans la préservation de la santé, ainsi que dans la prévention, le diagnostic, l’amélioration ou le traitement de maladies physiques ou mentales.
Professeur de classe exceptionnelle de la Faculté de médecine de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) et titulaire de chaire de pharmacognosie, Emmanuel Bassène affirme que la médecine traditionnelle est la mère des médecines.
« C’est une médecine qui est utilisée par les populations, dispensée par une certaine catégorie d’acteurs qu’on qualifie de tradipraticiens ou de guérisseurs. Cette façon de traiter vient de traditions ancestrales. C’est l’école de la tradition qui a donné naissance aux médecines traditionnelles. Chaque peuple, chaque groupe ethnique a sa manière de voir la maladie et pour ainsi dire sa manière de les traiter », précise-t-il.
D’après lui, la médecine rationnelle n’est pas héréditaire au sens médical du terme. « Ce ne sont pas les gênes qui confèrent cette science. Mais, on peut hériter d’une connaissance qui sert à des traitements comme on hérite d’une maison. Les connaissances en médecine traditionnelle ont plusieurs origines. Il y a l’apprentissage dans la famille ou chez quelqu’un. Il y a également les connaissances innées comme il est admis que certains peuvent avoir des connaissances qu’ils n’ont apprises nulle part. C’est comme l’exemple des enfants précoces qui savent résoudre des équations. Ils sont parfois plus forts que leurs enseignants. Ce sont des connaissances considérées comme innées », renseigne Pr Bassène.
Reconnaissance de l’OMS
La médecine traditionnelle est reconnue par l’OMS. D’ailleurs, lors de la Conférence internationale sur la médecine traditionnelle pour les pays d’Asie du Sud-Est, en février 2013, le Directeur général de l’OMS, le Dr Margaret Chan, a affirmé que « les médecines traditionnelles dont la qualité, la sécurité et l’efficacité sont avérées, participent à la réalisation de l’objectif de donner à tous un accès aux soins. »
Selon Pr. Bassène, dans certains pays comme la Chine ou l’Inde, la médecine traditionnelle garde sa philosophie ancienne, mais, elle est pratiquée sous un angle moderne. Il note que tous les peuples qui ont leurs propres écritures ont pu formaliser leurs médecines traditionnelles grâce à la mise en place d’écoles.
« Pour plusieurs millions de personnes, les médicaments à base de plantes, les traitements traditionnels et les praticiens traditionnels constituent la principale voire l’unique source de soins de santé. Ces soins sont également culturellement acceptables et un grand nombre de personnes leur font confiance. La médecine traditionnelle apparaît également comme un moyen de faire face à l’inexorable montée de maladies chroniques non-transmissibles », confirme Dr Margaret Chan sur le site internet de l’OMS.
Dans ce sens, un document intitulé « La Stratégie de l’OMS pour la médecine traditionnelle pour 2002-2005 » a été produit. Il a débouché sur l’élaboration de politiques et de réglementations nationales et régionales destinées à promouvoir le recours en toute sécurité aux produits, aux pratiques et aux praticiens de médecine traditionnelle dans nombre d’États Membres de l’OMS. Un second document nommé « La Stratégie de l’OMS pour la médecine traditionnelle pour 2014-2023 » a été adopté.
Depuis 2007, l’Organisation Ouest Africaine de la Santé (OOAS) a fait de la médecine traditionnelle, l’un de ses programmes prioritaires et a travaillé de manière cohérente pour entreprendre avec les pays, un large éventail d’actions. Avec l’élaboration de cadres harmonisés pour la réglementation des praticiens, des pratiques et des produits, la documentation des connaissances médicales traditionnelles pour leur protection et leur utilisation rationnelle, la compilation d’un inventaire de formulations de plantes médicinales à efficacité prouvée, l’édition d’une Pharmacopée Ouest Africaine, l’élaboration de manuels de formation pour le renforcement des capacités des praticiens dans la prise en charge des maladies prioritaires et celles émergentes, et d’un curriculum pour l’enseignement de la médecine traditionnelle aux étudiants des écoles de santé. Un Comité d’experts est copté pour l’élaboration du 2e volume de la Pharmacopée d’Afrique de l’Ouest.