Les campagnes de vaccination contre la méningite qui ciblaient plus de 50 millions d’enfants en Afrique ayant été retardées par la COVID-19, la Région africaine se retrouve exposée à un risque accru de flambées épidémiques de méningite de type A, une maladie quasiment éliminée sur le continent. Dans la course contre la montre engagée contre la méningite, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et ses partenaires ont établi une feuille de route visant à enrayer les flambées de méningite bactérienne d’ici à 2030, en exhortant les pays à mettre en œuvre rapidement cette feuille de route avant le début de la saison de la méningite, en janvier 2023.
La pandémie a gravement perturbé les services de prévention et de contrôle de la méningite, avec une forte baisse de la surveillance de la maladie, de la confirmation des cas en laboratoire et des enquêtes sur les flambées. Sur la base des rapports des pays, l’OMS a constaté que les activités de lutte contre la méningite avaient diminué de 50 % en 2020 par rapport à 2019, avec une légère amélioration en 2021. Le Bénin, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Nigéria et le Togo ont différé leurs campagnes d’administration du vaccin MenAfriVac, qui visent à protéger un total de 50 millions d’enfants de moins de 12 ans contre la méningite de type A.
Historiquement, la méningite de type A était la cause la plus importante des épidémies de méningite en Afrique. Cependant, en 2010, l’Afrique a commencé à vaincre la méningite de type A lorsqu’un vaccin efficace, le MenAfriVac, a été mis au point et déployé. Le vaccin a été développé à la demande des ministres africains de la santé après qu’une épidémie de méningite de type A survenue en 1996 a infecté plus de 250 000 personnes et entraîné plus de 25 000 décès en quelques mois seulement. Avec le concours de l’OMS et de ses partenaires, plus de 350 millions de personnes dans 24 pays africains à haut risque ont reçu le vaccin MenAfriVac depuis 2010.
Les efforts déployés pour éliminer ce type de méningite ont connu un succès considérable. Alors que la méningite de type A représentait 90 % des cas et des décès avant 2010, aucun nouveau cas n’a été notifié depuis 2017. La lutte contre cette forme mortelle de méningite a entraîné une diminution des décès dus à la méningite de type A et à d’autres types de micro-organismes. Alors que 50 % des personnes atteintes de méningite sont décédées des suites de cette maladie en 2004, en tout 95 % des cas ont survécu en 2021.
« La victoire contre la méningite de type A est l’une des plus grandes réussites de l’Afrique en matière de santé, mais les conséquences de la COVID-19 entravent nos efforts pour éradiquer cette infection bactérienne comme menace pour la santé publique et pourraient entraîner des résurgences catastrophiques », a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. « En accordant la priorité à la riposte contre la COVID-19, nous ne devons pas perdre de vue les autres problèmes de santé. J’exhorte les pays à accélérer la mise en œuvre de la nouvelle feuille de route régionale de l’OMS dès à présent, avant le début de la saison de la méningite en janvier 2023. »
Bien qu’aucun cas de méningite de type A n’a été notifié en Afrique au cours des cinq dernières années, des flambées épidémiques continuent de se produire et sont causées par d’autres types de bactéries méningococciques. En 2019, un total de 140 552 personnes sont décédées à cause de la méningite, tous types confondus, dans la Région Africaine. Depuis 2013, des flambées majeures dues à la méningite de type C ont été enregistrées dans sept pays de la ceinture de la méningite. En 2021, une flambée épidémique qui a duré quatre mois a fait 205 morts en République démocratique du Congo. De plus, la Région africaine abrite le plus grand nombre de nouveaux cas de méningite dans le monde et se trouve être la seule Région encore touchée par des épidémies de cette maladie. Le continent enregistre 100 cas de méningite pour 100 000 habitants, l’incidence la plus élevée au monde.
« Plus de 400 millions d’Africains restent exposés au risque de flambées saisonnières de méningite, mais la maladie est restée loin des projecteurs pendant trop longtemps », a ajouté la Dre Moeti. « En plus des pertes en vies humaines, les flambées épidémiques ont un impact négatif sur les systèmes de santé et sur nos économies fragiles, et appauvrissent des populations entières qui doivent ainsi faire face à de nombreux défis sanitaires et socioéconomiques. »
Avec l’objectif ambitieux de vaincre la méningite bactérienne dans la Région africaine d’ici à 2030, la nouvelle stratégie régionale lancée aujourd’hui fournit aux pays une feuille de route pour renforcer le diagnostic, la surveillance, le traitement, le plaidoyer et la vaccination afin d’éliminer les flambées épidémiques et de réduire de 70 % les décès et de 50 % les infections. L’OMS estime qu’il faudra 1,5 milliard de dollars d’ici à 2030 pour mettre en œuvre ce plan qui, si les pays l’adoptent, sauvera plus de 140 000 vies par an dans la Région et réduira considérablement les invalidités.
La méningite est causée par l’inflammation des membranes qui enveloppent le cerveau et la moelle épinière et se transmet par les éternuements, la salive ou les mucosités provenant du nez et de la gorge des personnes infectées. La méningite bactérienne aiguë est l’une des formes les plus mortelles et les plus invalidantes de la maladie. Elle peut provoquer le décès dans les 24 heures, et une personne infectée sur cinq reste atteinte d’un handicap à vie après l’infection. La saison méningitique est particulièrement longue en Afrique, où elle s’étend de janvier à juin.
La méningite touche les personnes de tous âges, mais les jeunes enfants sont les plus à risque, car près de la moitié des cas et des décès concernent les moins de cinq ans.
La Dre Moeti s’est exprimée aujourd’hui lors d’une conférence de presse en ligne animée par APO Group. Elle était accompagnée par le professeur le professeur François Marc Laforce, Directeur des services techniques du Serum Institute de l’Inde, et par Mme Rhoda Omorodion, Directrice générale du Centre de soins et de développement du Nigéria.
Étaient également présents pour répondre aux questions, les experts du Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique : la Dre Fiona Braka, Cheffe des opérations d’urgence, le Dr Thierno Baldé, Responsable des opérations de riposte à la COVID-19, le Dr André Bita, Chargé du contrôle de la méningite, et la Dre Phionah Atuhebwe, Chargée de l’introduction des vaccins.
OMS