Dr. Matshidiso Rebecca Moeti sur les maladies tropicales négligées : « Nous avons un devoir moral d’agir »

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Matshidiso Moeti, newly named as Regional Director for World Health Organization, WHO's Africa Region, speaks to the media, during a press conference, at the European headquarters of the United Nations in Geneva, Switzerland, Tuesday, Jan. 27, 2015. (AP Photo/Keystone,Salvatore Di Nolfi)

Editorial

Par Dr. Matshidiso Rebecca Moeti, Directrice du Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique

Très souvent, il m’est demandé pourquoi j’accorde tant d’importance à la lutte contre les maladies tropicales négligées (MTN). Ma réponse est simple : 1.5 milliard de personnes sont affectées par ces maladies à travers le monde, et 39% de ces personnes vivent en Afrique sub-saharienne. Nous avons un devoir moral d’agir et de faire en sorte que ces maladies disparaissent.

 

Les MTN dévastent des millions de vies, et ce depuis très longtemps mais des efforts massifs et coordonnés ont réuni des gouvernements, des entreprises du secteur privé, des ONG et des communautés des régions les plus reculées, prouvant que la communauté internationale est sur la bonne voie, et que l’élimination est à portée de main.

 

Des traitements et des méthodes de contrôle sûrs et efficaces existent pour lutter contre les 5 MTN les plus courantes sur le continent. C’est d’ailleurs pourquoi, nous avons créé au sein de l’OMS, le Projet spécial élargi pour l’Élimination des Maladies tropicales négligées (ESPEN) en mai 2016, pour apporter un appui technique et financier aux pays endémiques à travers la région et ainsi accélération l’élimination de ces maladies dévastatrices.

Nous sommes confrontés à une difficulté de taille, qui est d’amener les traitements vers ceux qui en ont besoin : les communautés pauvres, vulnérables et difficilement accessibles dans des pays où les personnes ont un accès limité aux soins de santé. Malgré ces difficultés, les efforts visant à combattre certaines de ces maladies ont été couronnés de succès ces dernières années, faisant ainsi naître un sentiment d’optimisme quant à la possibilité de contrôler, d’éliminer, voire d’éradiquer plusieurs d’entre elles grâce à une action réfléchie, soutenue et coordonnée. En 2017, le Togo a été le premier pays d’Afrique sub-saharienne à éliminer la filariose lymphatique en tant que problème de santé publique et en 2018, le Ghana en a fait de même avec le trachome. De tels exemples illustrent le meilleur de la santé publique, avec des gouvernements, prestataires de santé, partenaires et agents de santé communautaires réunis autour d’un objectif clair : l’amélioration de la vie de millions de personnes parmi les plus vulnérables.

A travers la région, nous avons pu mener à bien une cartographie des maladies tropicales négligées, qui nous a permis de localiser avec précision les régions d’endémicité, et de mettre en œuvre une stratégie de lutte beaucoup plus ciblée pour la chimiothérapie de masse. Avec l’aide des Ministères de la santé, nous avons également établi un portail en ligne pour faciliter l’accès à des données sous-nationales et encourager une prise de décision basée sur les évidences.

 

Pouvons-nous mettre un terme à ces maladies grâce à la chimiothérapie de masse exclusivement ? Pas tout à fait. Pour mettre fin à la souffrance causée par ces maladies, il est essentiel d’adresser les déterminants sociaux, environnementaux et économiques de la santé dans leur ensemble. N’acceptons plus que les MTN riment avec pauvreté. Aucun homme, femme ou enfant ne devrait avoir à souffrir toute une vie durant des conséquences d’une maladie entièrement évitable et traitable.

 

Ensemble, prenons soin des uns et des autres et disons non aux MTN !

 

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