Dr ‘’Courage’’. C’est le surnom idéal pour ce médecin congolais qui a émergé des brumes sombres couvrant au loin les terribles violences de la guerre civile qui sévit depuis plusieurs années dans la région du Kivu (République démocratique du Congo). C’est le Dr Denis Mukwege à qui les médiats ont attribué le nom de « l’homme qui répare les femmes » victimes de viols. En recevant le prestigieux prix « Sakharov » pour son engagement irréductible de médecin, il obtenu ainsi une célébrité que beaucoup de défenseurs des droits vivent avec fierté, de concert avec les peuples d’Afrique Noire.
Originaire de Bukavu dans le Sud-Kivu (RDC), il a mené ses activités de médecin gynécologue sans faiblesse au service des populations martyrisées et il continue de le faire, malgré les menaces de mort. Un de ses collègues et ami, le Dr Gildo Byamungu est, lui, tombé sous les balles en avril dernier. Il était aussi gynécologue congolais. Il a été assassiné à son domicile d’Uvira – toujours au sud Kivu.
Fils d’un pasteur pentecôtiste5, il a effectué ses études primaires à Bukavu. Ses études secondaires ont été faites à l’institut Bwindi de Bukavu où il obtient un diplôme en biochimie en 1974. Après deux années passées à l’université de Kinshasa (UNIKIN) à la faculté de polytechnique, il trouve sa voie en s’inscrivant, en 1976, à la faculté de médecine du Burundi.
Son diplôme de médecin obtenu en 1983, il fait ses premiers pas professionnels à l’hôpital de Lemera au sud de Bukavu. En 1984, il obtient une bourse de la Swedish Pentecostal Mission pour faire une spécialisation en gynécologie à l’université d’Angers en France. Il fonde avec un Angevin l’association Esther Solidarité France-Kivu pour aider sa région d’origine.
Le 24 septembre 2015, il accède au grade de docteur en sciences médicales à l’université libre de Bruxelles à la suite de la défense de sa thèse de doctorat intitulée « Étiologie, classification et traitement des fistules traumatiques uro-génitales et génito-digestives basses dans l’est de la RDC ».
Malgré un travail bien rémunéré en France, en 1989, il choisit de retourner au Congo pour s’occuper de l’hôpital de Lemera, dont il devint médecin directeur.
Lors de la Première Guerre du Congo en 1996, l’hôpital est brutalement détruit. Plusieurs malades et infirmiers sont assassinés. Avec beaucoup de chance, le Dr Denis Mukwege a la vie sauve. Il se réfugie à Nairobi. Plutôt que de tourner définitivement la page du Congo, il décide d’y retourner. Avec l’aide d’un organisme caritatif suédois, il y fonde l’hôpital Panzi à Bukavu où il va découvrir une pathologie nouvelle qui va profondément marquer le restant de sa carrière : « la destruction volontaire et planifiée des organes génitaux des femmes ». Il fait connaître au monde la barbarie sexuelle dont les femmes sont victimes à l’Est de la RDC, où le viol collectif est utilisé comme arme de guerre. Pour faire face à cette épidémie volontaire, il s’est spécialisé dans la prise en charge des femmes victimes de viols collectifs. Cette prise en charge des femmes victimes de violences sexuelles est générale. Elle concerne les domaines tant physique, psychique, économique que juridique. Sur le plan médical, il est reconnu comme l’un des spécialistes mondiaux du traitement des fistules. C’est à ce titre qu’il a reçu un doctorat honoris causa de l’université d’Umeå (Suède) en octobre 2010. Au cours de la même année, il a reçu la médaille Wallenberg de l’université du Michigan8.
Le 25 octobre 2012, il est victime d’une agression alors qu’il se dirige vers sa maison en plein centre de Bukavu. Le gardien de sa maison est abattu à bout portant après l’avoir alerté d’un danger, sa voiture est incendiée et Mukwege est ligoté, mais les gens du quartier se portent à son secours et il est sain et sauf. Il s’exile alors quelques mois en Belgique puis revient au Congo-Kinshasa. Pour des raisons de sécurité, il vit au sein de l’hôpital.
Entre 2008 et 2013, le Dr Mukwege a reçu plusieurs prix dont le prix Olof Palme,11 , le prix des droits de l’homme des Nations unies, le prix français des droits de l’homme, le prix Van Goedart aux Pays-Bas, le grand prix de la fondation Chirac pour la prévention des conflits, les prix belges Jean-Rey et le prix Roi-Baudoin , le prix de paix de la ville d’Ypres, le German media prize, le prix Nobel alternatif (prix Right Livelihood), le prix de la fondation Clinton, le Inamori Prize for Ethics 2014 (Japon-États-Unis), le prix Primo Levi (Italie), le prix Solidaris de l’hôpital Saint-Pierre de Bruxelles(Belgique), le Prix Renfield de Pennsylvania University à Philadelphie et la médaille de l’Académie royale des sciences d’outre-mer (Belgique).
Il a aussi été fait chevalier de l’Ordre national de la Légion d’honneur (France) et il a été élu Africain de l’année par une association de presse africaine.
C’est en Octobre 2014 qu’il a reçu le prestigieux prix Sakharov au cours d’une séance solennelle au Parlement européen à Strasbourg. Il en sera de même avec la réception du prix de « Héros pour l’Afrique » au Parlement européen de Bruxelles, le 18 janvier 2016
Enfin, le 21 avril 2016 lui est décerné en présence du roi Willem-Alexander des Pays-Bas, de la reine Màxima, et de la princesse Beatrix le Prix des Quatre Libertés de la Fondation Franklin Delano-Roosevelt pour la Liberté de Vivre à l’Abri du Besoin. Il apparaît dans le Time 100 en 2016. Le 24 février 2017, le rappeur Médine sort son album Prose Élite et lui écrit un titre : « L’homme qui répare les femmes ».
(Sources : RFI – Jeune Afrique – Wikipédia)