Le Ramadan 2024 (1445 Hijri) démarre en ce début de semaine du mois de Mars. Beaucoup de musulmans vont jeuner en passant près de 14 heures sans boire, ni manger, de l’aube au crépuscule. À côté de l’aspect spirituel et résilient, ce pilier, parmi les fondamentaux de l’Islam, met l’organisme humain à l’épreuve sur les plans physiologique, nutritionnel et hydrique. Les effets d’un jeûne bien conduit sont sanitairement bénéfiques pour qui peut le supporter. Au cours des deux repas autorisés à l’aube et au crépuscule, il faut veiller à bien s’hydrater et s’alimenter raisonnablement. Le repas matinal ne doit pas être négligé, ni sauté, car il est très important pour s’approvisionner en eau et en énergies, via des nutriments et pouvoir affronter une journée d’abstinence. À la « coupure », buvez d’abord. Un liquide tiède de préférence. Privilégiez l’eau, une tisane, un chocolat chaud ou un café léger et bannissez les limonades du commerce, car elles sont excessivement sucrées. Il vaut mieux préparer ses propres jus naturels et les sucrer modérément. Puis nourrissez-vous progressivement et sainement, en variant les mets tout le long du Ramadan. Il ne faut pas bourrer en quelques minutes l’estomac resté vide toute la journée, d’une masse déraisonnable de nourritures. Éviter les excès de pâtisseries et autres multiples sucreries et petits salés. Il ne faut pas jeuner quand votre condition médicale ne le permet pas. Ainsi, quand on a un ulcère et autres problèmes gastriques, la vacuité de l’estomac favorise l’apparition de douleurs abdominales, voire de saignement ou de perforations de la muqueuse de l’estomac. Idem quand on souffre de problèmes hormonaux graves, ou qu’on a de la fièvre, avec des conséquences fâcheuses possibles. Éviter de jeuner aussi quand on doit prendre certains médicaments à des horaires diurnes précis ou ceux dont les effets secondaires sont à risque pour le jeuneur : aspirine, quinine, certains médicaments du cœur, anti-diabétiques. Ils favorisent les hypoglycémies dont les signes avant-coureurs sont: maux de têtes, tremblements, faim douloureuse, malaises. L’évolution pouvant se faire vers une chute et syncope.
Coté hygiène du sommeil : un individu normal dort, selon le besoin éprouvé et l’âge, 6 à 8 heures. Au fil de l’âge, notre temps de sommeil se réduit. Durant le Ramadan, l’agenda classique est : réveil vers 5 heures du matin, préparations diverses, suivies d’activités quotidiennes et autres. Tout ceci est entrecoupé de prières obligatoires et de prières surérogatoires (nafila) plus ou moins prolongées. Donc pas beaucoup de place pour le sommeil réparateur classique. Conséquence inéluctable : accumulations de dettes de sommeil. La prise massive de boissons trop sucrées et excitants divers (caféine, thé trop fort, etc..) aggrave les facteurs perturbateurs du sommeil durant le Ramadan. En outre, le fait que la nourriture soit trop épicée (poivre, piment et autres) et trop grasse, consommée tard le soir en plus, entraine des lenteurs de digestion et des remontées gastriques, gênant l’endormissement ou provoquant des réveils nocturnes. Le fait de manger trop gras, trop salé et trop sucré, influe aussi négativement sur la qualité de la santé générale et du sommeil en particulier. Conséquence de ces dettes accumulées de sommeil : lourdeurs, maux de tête, irritabilité, douleurs diffuses, trous de mémoire et mauvaise concentration. Pour une meilleure gestion du besoin minimal de sommeil, il faut exploiter toutes les occasions, de nuit, comme de jour, pour dormir et se sentir reposé. Il n’y a pas de solutions miracles. Quelques ‘astuces’ : grasse matinée pour les uns, sieste pour certains, petits ‘sommes’ répétés pour les autres.
Durant ce mois de jeun, il faut quand même bouger. La pratique du sport en période de Ramadan, est possible, si elle est encadrée par de bonnes précautions. Faire du sport en pleine journée pour un jeûneur n’est pas recommandé. Que faire ? deux formules au choix : 1/ une activité physique modérée, durant une trentaine de minutes et la terminer à temps pour pouvoir prendre sa douche, se changer et couper le jeûne dans les minutes qui suivent ; 2/ ou bien rompre le jeun, manger léger, aller faire son sport, puis mieux manger après. Mais pas trop tard. En tous cas, veiller à toujours bien s’hydrater, surtout en cette période au climat instable.
Vers la fin du Ramadan, surveiller d’éventuels et discrets signes de carences nutritionnelles qui peuvent se manifester chez certains jeûneurs : fatigabilités intenses, crampes, fourmillements aux pieds et mains ou autres gênes. Une alimentation variée lors des deux repas autorisés, riche en fruits, légumes, protéines et céréales diverses, produits laitiers, voire une supplémentation multivitaminée pharmaceutique, peuvent alors faire du bien.
Dans les mosquées et autres lieux de prières communes, respecter les règles de prudence et d’hygiène.
En respectant ces conseils chaque année rappelés, et comme en attestent plusieurs données scientifiques, nous pouvons rendre bénéfique pour l’organisme et la santé, cette période de Ramadan, coïncidant bien heureusement, encore cette année, avec le Carême de nos parents Chrétiens.
Et que toutes nos prières soient agréées par Allah, Notre Miséricordieux Créateur.
Prof. Amadou Gallo Diop