Les taux de mortalité liés aux infections de Covid-19 en Afrique sont beaucoup plus élevés chez les patients atteints de diabète, a annoncé jeudi l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à l’approche de la Journée mondiale du diabète prévue le 14 novembre.
Selon l’agence sanitaire mondiale de l’ONU, la forte augmentation du diabète en Afrique se heurte à la pandémie de Covid-19 et au faible accès aux vaccins. Une analyse de données provenant de 13 pays africains a révélé un taux de létalité de 10,2 % chez les patients diabétiques atteints de Covid-19, contre 2,5 % pour l’ensemble des patients atteints du coronavirus.
Le taux de létalité chez les personnes atteintes de diabète était également deux fois plus élevé que le taux de létalité chez les patients souffrant d’une quelconque comorbidité.
« Covid-19 délivre un message clair : la lutte contre l’épidémie de diabète en Afrique est à bien des égards aussi cruciale que la lutte contre la pandémie actuelle » , a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
L’Afrique enregistrera la plus forte hausse de l’incidence du diabète dans le monde
Le diabète altère la capacité de l’organisme à produire ou à utiliser l’insuline, une substance essentielle pour empêcher une augmentation dangereuse du taux de sucre dans le sang. La maladie provoque une inflammation et une mauvaise circulation sanguine, qui accentuent toutes les deux le risque de complications liées à la Covid-19, dont le risque de décès.
Outre les personnes atteintes de diabète, les trois affections sous-jacentes associées aux taux de létalité due à la Covid-19 les plus élevés incluent le VIH et l’hypertension. « La pandémie de Covid-19 finira par se résorber, mais l’Afrique devrait connaître dans les années à venir la plus forte augmentation du diabète au niveau mondial, a ajouté la Dre Moeti
En Afrique, 70 % des personnes atteintes de diabète ignorent qu’elles souffrent de cette maladie chronique.
Selon les prévisions de la Fédération internationale du diabète, le nombre de personnes atteintes de diabète en Afrique devrait atteindre 55 millions d’ici 2045, contre 24 millions cette année.
Le défi de l’accès aux vaccins pour les Africains présentant des comorbidités
Si dès les premiers jours de la pandémie, les personnes atteintes de diabète ont été prioritaires pour recevoir les vaccins Covid-19, cela reste un défi sur le continent africain. D’une manière générale, l’accès aux vaccins reste faible. À ce jour, seule 6,6 % de la population africaine est entièrement vaccinée, contre environ 40 % au niveau mondial.
Les données provenant de 37 pays indiquent que depuis mars 2021, plus de 6,5 millions de doses de vaccin Covid-19 ont été administrées à des Africains souffrant de comorbidités, ce qui représente 14 % de toutes les doses administrées à ce jour.
« Neuf mois après le début des campagnes de vaccination Covid-19 en Afrique, nous sommes encore loin d’avoir atteint le niveau nécessaire pour protéger les personnes les plus vulnérables », a ajouté la Dre Moeti.
Pour l’OMS, il est urgent d’intensifier la vaccination et d’autres services clés pour les personnes à haut risque, y compris celles atteintes de diabète. D’autant que pendant la pandémie, l’accès aux soins du diabète a été gravement perturbé dans la région africaine. « Cela montre que la lutte contre l’épidémie de diabète en Afrique est, à bien des égards, aussi importante que la lutte contre la pandémie actuelle de Covid-19 », a fait valoir l’OMS.
Plus de 8,5 millions de cas de Covid-19 dont plus de 219.000 décès
A noter que l’Afrique comptabilise désormais plus de 8,5 millions de cas de Covid-19 dont plus de 219.000 morts. Selon l’OMS, la baisse soutenue des nouveaux cas se poursuit dans presque toutes les régions du continent.
Mais, après avoir chuté pendant 10 semaines en Afrique australe, les nouveaux cas ont fait un bond de plus de 60 %. Cette hausse est principalement due à un pic au Botswana, dont la cause est en cours d’investigation.
En outre, la République du Congo, l’île Maurice et l’Égypte ont connu une tendance à la hausse ou un « plateau élevé » ces dernières semaines. « Avec ces flambées, ce n’est pas le moment de s’asseoir et de se détendre. Nous devons tout faire pour empêcher la Covid-19 de prendre le dessus », a conclu le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.